Cristina habitait Paris depuis quatre ans. Elle menait une vie fort simple, voire frugale. Elle ne manquait jamais de dire bonjour à la boulangère, ni de tenir la porte à la vieille dame. On aurait dit la chanson d'Enzo Enzo.
Il suffisait de la connaître ne serait-ce qu'un petit peu pour se rendre compte que son attitude, sa façon d'agir, son allure, dépendaient singulièrement de l'endroit où elle se trouvait. Rive droite, elle se dérobait aux regards ainsi qu'aux inquisitions. On se rappelait d'elle en train de partir, la nuque légèrement penchée en avant, la tache grise de son pardessus ou gabardine, trop grand pour son corps, s'éloignant à chaque pas. Rive gauche, elle s'ouvrait, devenait loquace, parlait peinture et cinéma avec chaleur et entrain, et s'intéressait à la vie du quartier.
Plutôt qu'aux grandes surfaces, elle préférait avoir recours aux commerciants locaux. Rien que dans sa rue, on trouvait une épicerie, un kiosque à journaux, un fleuriste, deux bistrots, un magasin d'électroménager d'occasion.
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